Crimes et délits streaming avec sous-titres FULLHD

Notre top 5 des films de Woody Allen. “Crimes et délits” (1er)

Martin Landau et Woody Allen, Crimes et délits. DR

A l'occasion de la sortie de “Blue Jasmine”, la rédaction de “Télérama” a voté pour établir un top 5 de ses films de Woody Allen préférés. Voici notre numéro un !

« On rit souvent mais le fond de l'air est cruel, criminel, même. Woody Allen passe en revue ses obsessions. la faute, le péché, l'amour impossible, le métier de cinéaste, la muflerie des gens arrivés, la bêtise des vedettes, l'aveuglement de tout un chacun, la pulsion meurtrière, la folie du monde » Le 24 février 1990, Woody Allen est en couverture de Télérama pour la sortie de Crimes et Délits .

Le titre qui accompagne la photo est d'une simplicité biblique. chef d'œuvre. C'est un avis qui se propage, depuis la sortie américaine du film, dans tous les cercles d'admirateurs du cinéaste de Manhattan. Crimes et Délits, qui suit de près quelques films majeurs alignés sur un rythme frénétique (Broadway Danny Rose . La Rose pourpre du Caire . Hannah et ses sœurs,Radio days. September. Une autre femme . réalisés entre 1984 et 1989) couronne en beauté cette période faste. « Le plus complexe, le mieux construit des films de Woody Allen, écrit David Denby, critique du New Yorker qui le trouve « vif, riche et stimulant ».

Dans le canevas sophistiqué d'intrigues croisées, le cinéaste s'est réservé le rôle d'un documentariste raté et son interprétation est saluée comme l'une des plus fines, et nuancées de sa carrière. David Denby, encore. « Avec Cliff, Woody Allen offre le portrait d'un personnage très spirituel. Et aussi une des descriptions les plus amères de l'échec qu'on ait jamais vu sur un écran. Allen donne à son personnage le sarcasme sans le courage, l'intelligence sans la connaissance de soi. Est-il drôle? Oui mais de manière glaçante. Les blagues sont là pour faire ressortir la faiblesse du blagueur. »

Cliff n'est pas le seul personnage invité à la fête macabre de ce film longtemps intitulé « Frères » (mais le titre était pris par un téléfilm) comme un pendant à Hannah et ses sœurs. Pendant un voyage européen, Woody Allen a élaboré une intrigue particulièrement enchevêtrée. « Quelle complexité ! écrit Gérard Pangon dans Télérama.D'un côté Judah (joué par Martin Landau) est l'amant de Dolorès, le mari de Myriam, le père de Sharon, le frère de Jack. De l'autre, Clifford est l'amoureux de Halley, le mari de Wendy, le frère de Barbara, le beau-frère de Lester et de Ben. Mais jamais Woody ne se perd ni ne nous égare, même si ses deux principaux personnages ne se rencontrent qu'à la fin. […]

Woody Allen passe de l'un à l'autre avec une virtuosité de génie, change de personnages et même de sujet avec une incroyable facilité. Les scènes s'enchaînent, se répondent et s'emmêlent sans qu'on les confonde. Les dialogues sont étincelants. Tout est naturel, admirable, mis en scène avec une extraordinaire limpidité. […] »

Au cœur de Crimes et Délits. Ben, le rabbin dont la vue baisse tout au long du film, devient aveugle. « Comme si les yeux de Dieu se fermaient. Eternelles obsessions de Woody Allen qui le rapprochent de Bergman qu'il admire tant. la culpabilité et la relation entre l'homme et un Dieu introuvable. Silencieux chez Bergman et maintenant aveugle chez Allen. »

« Est-ce un hasard ? demande Vincent Remy, toujours dans Télérama, dix ans après la sortie. Le plus juif, existentiellement juif, des films de Woody Allen est un chef-d’œuvre. Des abîmes de souffrance y côtoient des montagnes d’humanité. Bref, tout est affaire de regard, dans ce film comme dans la vie. Puisque l’œil ne semble être nulle part, même dans la tombe, seule importe la conscience que l’on a de soi, des autres, du monde. Derrière le triomphe des apparences, des faussetés, du mensonge, Woody Allen dessine modestement, comme à tâtons, ce qui s’annonce comme une morale de la vérité. »